Settembrini / Vie et opinions
Traduit du sursilvan par Walter Rosselli
C’est l’histoire de mes oncles, les frères jumeaux Gion Battesta et Gion Evangelist Silvester, nommés, quand ils n’étaient pas présents les deux, Settembrini.
Chasseurs de chamois, admirateurs du ciel et lettrés. Des lettrés qui ne faisaient pas dans la littérature. Des lettrés dans le sens qu’ils lisaient et qu’ils vivaient avec Homère et Hérodote, avec Pline et Plutarque et les autres auteurs célèbres de notre culture. C’étaient des montagnards, aussi parce qu’ils fumaient sans ménagement l’affreux Monta Blau acheté au kilo et buvaient de l’encore plus horripilant Montagne. Boire du Montagne et lire Montaigne, telle était la devise de ces deux spécialistes dans l’art de pisser contre le vent. La chasse se fait toujours contre le vent. Les chamois et les livres étaient leur vie. D’aucuns ont ramené sur leur dos autant de chamois, pendant autant d’heures de descente du haut des sommets, que Settembrini. Mais personne n’a trimballé autant de livres dodus à travers des rochers escarpés que Settembrini. La littérature était son fortifiant. Settembrini aurait dû mourir d’un accident, selon le mythe qui veut que le montagnard se fracasse dans les parois rocheuses. Cependant, il a préféré devenir gaga, faire son cocon et se métamorphoser en papillon, selon Kafka qui veut que le chasseur mue et finalement disparaît en s’envolant dans les airs.
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cudeschs
2018
franzos
Editions d'en bas
978-2-8290-0550-3